Le Village de Rouillas Haut

ROUILLAS-HAUT (ROUILHAS-SOUBRE), au fil du temps…

 D’après le bulletin historique et scientifique de l’Auvergne de 1894, l’Abbé Régis Crégut (1853-1926) écrit : « Dans le langage populaire, on dit et on écrit Roujat, Rouilhas, Rouillac, Roullé, Rully, Rouille, Royat, Royau, tous ces mots ont évidemment pour origine la même racine ». Selon l’école latine, c’est à dire d ‘après ceux qui font diviser les noms de lieu de la langue romaine, ces mots viendraient de Rubiacum, endroit couvert de ronces, rubes.

 D’après Henry d’Arbois de Jubainville, ces mots seraient dus à l’influence de la gens. Le gentilice Rulluis, sorti de l’adjectif Rullus, rural, serait le père. En examinant la situation topographique des localités qui nous occupent, nous voyons que ces villages sont tous placés sur le bord d’une rivière ou d’un lac. Ainsi Rouillas-Bas est situé à la naissance de nombreux ruisseaux et de plusieurs étangs aujourd’hui asséchés. (Rouillac est près de la source de la Vouère en Charente). Tenant compte d’une telle donnée, nous pensons que Rouilhas doit se rattacher au celtique par la racine or, oru qui signifie eau. La lettre « R » est placée en tête par métathèse. La terminaison as est un suffixe ethnique et Rouillas-Haut par opposition altimétrique à Rouillas-Bas.

Au 17ème siècle, Rouillas-Haut, était un des villages les plus peuplés de la paroisse de Montredon, ont y trouvait des patronymes encore présents de nos jours : TIXIER, ARMAND, BASSET, BARTHOMEUF, RODIER, GUITARD, BESSON, DUMONTEL… Il existait plusieurs mariages entre gens de même village, sans doute plus pour éviter le partage des terres que par amour. En 1702, il y eu 8 naissances, 5 en 1792…

 L’activité des habitants essentiellement tournée vers l’élevage, nécessitait de « garder les vaches ». Le courage et l’ingéniosité de nos ancêtres on permit, du fait des innombrables pierres, l’édification de nombreuses « cabanes de berger » encore présentes de nos jours.

Elles sont les témoins les plus anciens de l’activité paysanne, nous avons le devoir de les préserver (il en existe plus de soixante sur la « Serre » et ses flancs, hélas pas toutes en bon état). L’eau était indispensable à la vie. Il existe encore deux bacs ou les bovins pouvaient s’abreuver. On trouve aussi quatre fontaines, hélas une seule est encore alimentée en eau, deux autres ont encore leur bac, prêt à recevoir l’eau. La quatrième sert de pot de fleurs. Quelle tristesse de ne plus entendre et voir l’eau s’écouler en jet rafraîchissant. Le climat de Rouillas-Haut devait être plutôt clément si l’on en juge par le fait que le lavoir – asséché mais bien entretenu - n’est pas couvert, à moins que les lavandières soient particulièrement résistantes au froid. Depuis deux ans maintenant, les habitants se sont mobilisés pour améliorer leur cadre de vie : - En débroussaillant le chemin qui mène au bac qui a été étanché. - En nettoyant le grand communal qui a fait l’objet de deux journées de débroussaillage par une dizaine de personnes, aidée pour plus d’efficacité par le passage d’un gyro-broyeur. - Le « local de la pompe » a retrouvé une certaine jeunesse avec un début de rejointoiement. - Enfin, le pont du sentier « raccourci » de l’entré du village – qui économisait tant les jambes des petits écoliers - a repris forme. Il ne faut pas oublier de citer le chemin des fables que l’artiste local a créé, mais qu’il a bien du mal à pérenniser. Qui assurera le devenir de cette sympathique initiative ? Pour conclure, on peut penser que Rouillas Haut, malgré l’absence d’un lieu de convivialité, bouge au rythme d’un village «dortoir » mais, en sortant de sa léthargie avec l’arrivée de jeunes couples, ses rues résonneront à nouveau des rires d’enfants…

 

 

 

Portrait d’un artiste de Rouillas Haut

En 2000, Michel DAVID, ancien réparateur de télévision, habitant de Rouillas-Haut réalisa la première plaque en lave portant le nom de la rue du village où il demeurait. C’est Anthony son petit fils qui lui avait soufflé cette idée. Les habitants du village intéressés, lui demandèrent de réaliser d’autres plaques pour indiquer le nom de toutes les rues. En trois mois Michel DAVID, fit 24 plaques pour les rues du village. Pour cette réalisation, il utilise la lauze qu’il enduit d’une couche de couleur noire, puis travaille ensuite avec une peinture à l’huile. Il attend que la pierre sèche avant de la vernir pour la protéger des intempéries. Non seulement passionné par la peinture sur lauze, il l’est également par la peinture sur toile. Très attiré par la sculpture, il crée alors la ronde des fables de Lafontaine.

 Selon Michel DAVID les fables de Lafontaine sont toujours d’actualité si l’on prend le temps de les lire et d’y réfléchir. Pour ses créations, il récupère et donne une seconde vie à des matériaux divers: bois et métaux en tous genres, comme pot d’échappement, boules de pétanque, amortisseurs, etc.… Parents et amis lui apportent ces objets, la commune lui fournit la peinture. A partir du choix d’une fable imprimée puis collée à la résine sur une ardoise peinte, il sculpte ensuite les personnages animaux de la fable. Avec trois ou quatre fables par rue, le village compte depuis 2001, 34 plaques sculptées. Michel DAVID, avec cette ronde des fables espère faire découvrir son village situé sur un circuit touristique. Trois mille personnes traversent Rouillas-Haut tous les ans. Il souhaite donner des motifs d’intérêt supplémentaires aux visiteurs pour les inciter à venir s’installer dans cet agréable petit village en restaurant une des maisons libres.

Quand à la peinture sur toile, Van Gogh avec son célèbre tableau « les tournesols » l’a inspiré. Il en a fait une copie. Pour donner un aspect marbré au tableau il utilise la peinture à la laque. Ses toiles et ses sculptures partent maintenant aux quatre coins de la France, en Belgique, au Danemark, au Maroc. Dans son atelier, dressée en girouette une sculpture de sorcière attend de s’envoler pour les Etats-Unis. Cet amoureux passionné de peinture et de sculpture reconnaît travailler seulement lorsque certaines conditions sont réunies : luminosité, température de l’atelier, et surtout l’inspiration. En effet la peinture et la sculpture absorbent tous les problèmes et le moment le plus magique consiste selon Michel DAVID « a se retrouver non pas à peindre un tableau, mais à peindre directement les arbres dans le tableau ». Il reconnaît avoir vécu ce moment privilégié deux fois. Nous espérons que cet artiste et créateur continue à vivre pleinement ses passions et nous les fasse longtemps partager.